EP#10 Gérer un décès, côté enfant, côté parent

Le décès ☠️, pas le sujet le plus fun à aborder, je suis d’accord. Jusqu’ici, j’ai beaucoup parlé d’argent côté “projet de vie”, en essayant de vous inspirer à avoir un budget solide pour construire les projets qui vous tiennent à cœur. Selon ma philosophie, la mort, aussi douloureuse soit-elle, fait aussi partie de la vie. Et que ce soit pour votre sérénité d’esprit personnelle ou pour celle de vos enfants, il me semble important de prendre en compte le financement d’un décès, que ce soit le vôtre ou celui de vos parents 😉.

👵 Mon expérience de la gestion financière du décès de ma mère

Je suis actuellement dans une situation temporelle particulière. Mon tout petit nouveau-né dans les bras, me voilà à compter une année de plus sans ma mère. L’occasion pour moi de vous parler de mon expérience de la gestion financière de son décès.

Outre l’aspect émotionnel qui a été difficile à gérer, l’aspect financier a été très dur à encaisser psychologiquement. J’avais de l’épargne de côté, j’ai pu payer les frais sans demander quoi que ce soit à mes proches et encore moins à la banque.

Donc l’aspect purement financier, c’était ok, mais l’aspect financier-psycho, ça l’était vachement moins. Je n’avais strictement aucune idée du coût qu’allait représenter ces frais d’obsèques. Quand j’ai été voir les pompes funèbres, j’ai précisé à la personne que j’avais des tous petits revenus, à l’époque 250 € par mois environ, qui étaient là uniquement pour payer mes quelques factures perso en attendant de pouvoir me rémunérer avec mon projet entrepreneurial de l’époque.

La personne a été géniale : elle a mis le minimum de prestation possible et a même trouvé un cercueil déclassé à très bas prix. Et franchement, je n’ai pas vu la différence avec un cercueil haut de gamme. Je n’avais pas besoin de pierre tombale, puisque le cimetière que j’ai choisi propose un espace paysagé, un peu comme à l’américaine. Ce n’est que mon avis personnel, mais je pense sincèrement qu’une fois qu’on est mort, on n’en a rien à faire que les poignées soient en or ou en métal tout simple, qu’il y ait ou non des petits coussins molletonnés, plein de fioritures pour décorer. D’autant plus que tout cela va finir dans la terre et donc polluer les sols pour de très longues années. Je pense qu’on a autre chose à léguer que des déchets dans un trou. À choisir, si j’avais le droit de me mettre dans un simple linge, ce serait parfait. Mais encore une fois, ce n’est que mon avis.

Bref, j’ai eu la prestation la plus minimale que la personne pouvait me proposer. J’étais dans un état de stress pas possible quand le devis était en train de s’imprimer. Si j’avais une jolie réserve d’argent de 6.000 €, elle n’était pas classée comme aujourd’hui. C’était une épargne pêlemêle et c’était une grosse erreur, ne faite pas ça. Je comptais intérieurement : 1.000 €, ça passe large. 2.000 €, ça commence à être plus serré. Après, je commence à piocher dans mon projet entrepreneurial et la préparation de bébé (oui, en 2019, je pensais déjà à ça), mais franchement, avec le cercueil à 600, ça ne devrait pas dépasser les 1.000 balles quand même. 800 peut-être ? Autant vous dire que le devis a mis une éternité à s’imprimer.

Résultat des courses : 3.300 €. Je suis tombée des nues. Plus de la moitié de mon épargne. Ce que je ne savais pas à ce moment-là, c’est que, bien que les comptes bancaires de ma mère avaient été bloqués, je pouvais utiliser l’argent à hauteur de 5.000 € pour régler les frais d’obsèques, en emmenant la facture à la banque. Bon, c’était bien large pour moi, ma mère était au RSA et n’avait strictement aucune épargne de côté. Dans mon malheur, j’ai eu “”””la chance””” que ma mère décède après le versement de son RSA, mais avant les prélèvements type loyer, énergie, etc. J’ai donc pu utiliser cette maigre somme pour payer un bout de la facture. Je ne savais pas non plus, à l’impression de ce devis, que mon demi-frère était obligé de payer sa part, même s’il n’avait plus de contact avec ma mère et même s’il faisait un refus de succession. Avec tout ça, les 3.300 € se sont transformés en 1.300 et quelques €, de mémoire.

Ce n’était finalement pas dramatique d’un point de vue financier, je n’ai pas été en grave difficulté, mais ce n’était pas confortable du tout de vivre cet aspect financier en plus de l’aspect émotionnel et logistique.

J’ai retenu 2 choses de cette situation.

La première, c’est que je veux absolument décharger mon propre enfant de vivre un tel capharnaüm.

La deuxième, c’est qu’il fallait que je mette en place un plan d’action avec mon père, pour que je sache quoi faire le jour où ce sera lui qui partira. D’ailleurs, l’écriture de cet épisode me rappelle que j’ai encore quelques questions à ce sujet, il va falloir qu’on fasse une petite réunion de famille.

🧒 Mes souhaits côté mère pour protéger mon enfant

L’objectif principal pour les premières années de vie de mon enfant est de le protéger au cas où Chéri et moi viendrions à décéder. On n’y pense pas, mais on laisse le ptio chez Papi, on part se faire un ciné-resto en amoureux, on a un accident de voiture et le ptio se retrouve tout seul. Que devient-il ?

La première chose à penser dans ce cas : qui s’occupe de l’enfant jusqu’à ce qu’il soit en âge de voler de ses propres ailes ? Il faut trouver une personne de confiance, qui lui partagera les valeurs que nous souhaitons lui communiquer et une vision de l’éducation semblable à la nôtre. La tâche n’est pas à prendre à la légère et il faut ensuite en parler avec la ou les personnes concernées en espérant qu’ils acceptent.

Ce qui me semble le plus approprié, c’est de prévoir 2 types d’épargnes pour ce projet-là. Une première épargne à son nom propre qui vise à assurer l’avenir financier de l’enfant (pour ses études, le permis, l’installation dans son premier appart). On fait coup double : l’avenir se prépare et en cas de décès, cette épargne sera transmise au futur tuteur ou à la future tutrice recueillant l’enfant pour ne pas le ou la laisser en mode “je suis mort, je te file mon gosse, débrouille-toi pour trouver les sous”. Mais comme niveau financier, on n’est jamais à 100 % sûr de ce qu’il va se passer avec les autres, je préconise de mettre un petit coussin de sécurité au nom de l’enfant, qui pourra en faire ce qu’il veut le jour de son indépendance.

Pourquoi ne pas tout mettre au nom de l’enfant me direz-vous ? Pour 3 raisons.

  1. si vous n’avez pas un double accident mortel, mais que pour une raison X ou Y, vous n’avez plus un rond, demandez-vous est-ce qu’il est pertinent que mon enfant mange des pâtes matin, midi et soir pendant plusieurs mois en ayant des milliers d’euros sur son compte que personne ne peut toucher ? Et oui, si l’argent est au nom de votre enfant, vous n’aurez pas le droit d’y toucher légalement. Il peut exister des exceptions, mais encore faut-il que le 2e parent soit d’accord. Mieux vaut par conséquent réserver un compte épargne et/ou investissement (une assurance-vie par exemple, mais ça peut être n’importe quel type de compte) à destination de votre enfant, mais à votre nom propre.
  2. bien que vous n’ayez pas le droit de toucher à l’argent de votre enfant de manière légale, votre moitié pourrait décider un jour de vider le compte et de s’envoler avec l’argent. Naaaan, mais pas lui / pas elle ? Allez écouter le 4e épisode sur l’argent dans le couple, c’est intéressant. Bien sûr, vous pourrez faire une action en justice pour récupérer l’argent, mais avouez que c’est quand même bien plus compliqué et douloureux qu’avoir un compte à votre nom.
  3. si vous décédez, la personne tutrice ne pourra pas non plus toucher à l’argent de l’enfant de manière légale, mais elle peut avoir besoin d’une partie de l’argent pour accueillir l’enfant chez elle (ex : aménagement de son logement, paiement de séance de psychothérapie pour l’enfant, etc.). Lui léguer cet argent-là, c’est l’aider à faire en sorte que la transition se passe le mieux possible.

L’objectif qui vient par la suite, pour quand mon enfant sera bien plus grand, est de ne pas lui faire subir ce que j’ai personnellement vécu avec ma mère, sachant la difficulté que c’est. Dans le cas où je décède quand il est encore petit et que c’est une personne qui le recueille, je veux aussi que mes frais d’obsèques soient assurés. Je tiens à être responsable de toute ma vie jusqu’à ma mort.

Il est donc question de laisser une somme d’argent sur un livret, dans la limite de ce qui est autorisé à prélever, pour rappel 5.000 € quand j’enregistre cet épisode en août 2022, pour que les frais d’obsèques soient assurés. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas besoin que ce soit un projet d’épargne particulier. En effet, si je meurs demain, mes projets de vie meurent avec moi. Par conséquent, mon épargne de précaution, l’argent destiné à remplacer ma voiture prochainement, celui destiné à payer les grosses factures annuelles, etc, tout ça, ça n’aura plus lieu d’être. Personnellement, ces 5.000 € sont déjà sur mon livret A, accessible à la personne en charge de payer mes obsèques.

Je pense également, dans un premier temps, écrire mes dernières volontés dans mon testament. Étant propriétaire de ma maison, le notaire sera de toute façon obligatoire. C’est l’endroit idéal pour y caser ce que je veux ou non au jour de ma mort. Les assurances de types obsèques ou décès ne sont pas toujours recherchées rapidement par la famille, ce qui peut se comprendre ! On n’a clairement pas la tête à l’administratif. Le testament est donc un bon plan. Et puis, rien n’empêche d’en parler à ses proches, d’avoir une copie avec les papiers de la banque, car c’est ce qui est recherché en premier.

D’ici quelques années, je me pencherai peut-être sur les contrats d’assurance décès (à ne pas confondre avec les contrats d’assurance vie qui portent horriblement mal leur nom), mais, pour le moment, je vous avoue mal les connaître et je les vois comme un moyen pour les assureurs de se faire de l’argent sur le dos des honnêtes gens. Tant que les frais sont assurés et que mes volontés sont dites, c’est ok pour moi.

Enfin, il y a un dernier point à ne pas négliger quand on prépare son décès. Qu’est-ce qu’on veut laisser dans la tête de son enfant comme souvenirs, comme trace immatérielle 💗 ? Personnellement, je veux qu’il garde de moi l’image d’une mère qui l’aimait plus que tout au monde, je veux lui laisser des moments de partage et d’amour, des plaisirs simples dans le respect de notre Terre, des heures de jeux et des plats savoureux cuisinés avec amour sur ses papilles. Il n’y a pas grand-chose qui demandent des sommes folles à dépenser. Mais tous me demandent d’être bien dans ma tête et donc, dans mes finances.

Avant de passer à la suite, je vous rappelle que j’ai créé un quiz pour vous aider à définir votre profil en finances personnelles. À l’issue de ce quiz, vous pourrez télécharger un PDF avec des exercices personnalisés à votre profil pour améliorer la gestion de vos finances personnelles. Le lien du quiz est en description de l’épisode.

Avant de passer à la suite, je vous rappelle que j’ai créé un quiz pour vous aider à définir votre profil en finances personnelles. À l’issue de ce quiz, vous pourrez télécharger un PDF avec des exercices personnalisés à votre profil pour améliorer la gestion de vos finances personnelles.

❓ Les questions à vous poser en cas de décès.

Assez parlé de moi, parlons de vous. Comment pouvez-vous vous préparer face à la grande faucheuse ? La première chose à faire est de définir vos besoins en vous posant de nombreuses questions.

Regardez-vous dans un premier temps du côté “je suis l’enfant de mes parents” :

  • avez-vous encore des parents en vie dont il faudra prévoir le décès, plus ou moins précocement ? J’ai bien cherché, tout le monde meurt et en tout logique vos parents devraient mourir avant vous. Ce n’est pas les pousser dans la tombe que de parler de leur décès avec eux. S’ils refusent de communiquer là-dessus, ce qui peut se comprendre vu que c’est la mort est un sujet tabou et que l’argent est un autre sujet tabou, prévoyez les choses de votre côté.
  • est-ce que vous serez seul·e à payer ou avez-vous des frères et sœurs ? Ces derniers seront-ils disposés à vous rembourser tout de suite si c’est vous qui réglez la facture des obsèques ou bien il faudra batailler ?
  • vos parents ont-ils de l’argent sur leur compte qui pourra payer au moins une partie de leurs obsèques ? Ont-ils prévu des assurances spécifiques ?

Blindez-vous au maximum pour que l’aspect financier du décès de vos parents ne soit qu’un détail.

Regardez-vous maintenant du côté “je suis le parent de mon ou mes enfant(s)” :

  • avez-vous des enfants à protéger financièrement de votre décès et de celui de leur 2e parent simultanément ?
  • avez-vous un testament à jour, comment se passe votre succession ?
  • avez-vous des dettes à régler ou bien votre patrimoine est-il suffisamment important pour couvrir ces dettes ?
  • qui accueillera vos enfants s’ils sont encore sous votre responsabilité ?
  • avez-vous prévu de leur laisser un coussin de sécurité ?
  • faîtes le tri si vous avez déjà souscrit à des contrats de type assurance-décès ou assurance-obsèques (encore une fois, à ne pas confondre avec une assurance-vie). Que couvre ces contrats ? Est-ce qu’ils valent le coup ? Est-ce qu’ils protègent bien vos enfants ? Est-ce qu’ils sont en accord avec vos souhaits ?

Vous avez deux alliés de taille pour vous épauler : votre budget et votre notaire. Pour le notaire, je n’y peux pas grand-chose, il ou elle est l’expert·e juridique qui saura vous conseiller. Pour le budget par contre, j’ai déjà 9 autres épisodes qui traitent de différents sujets autour de l’argent afin de faciliter votre éducation sur les finances personnelles. 👂 Écoutez-les si ce n’est pas déjà fait et abonnez-vous au podcast sur votre plateforme d’écoute préférée pour ne pas rater les prochains épisodes.

Cet épisode est prévu pour janvier 2023. Je suis a priori en congé maternité 🤰 et en train de pouponner à la date de publication de l’épisode. Les accompagnements reprendront en mars, mais sachez que si vous avez envie de m’écrire ou de me laisser des commentaires, je ne m’interdis pas de jeter un coup d’œil de temps en temps. Je ne garantis, par contre, aucun délai de réponse. À bientôt !

Écoutez l’épisode


Sources

https://www.demarches.interieur.gouv.fr/particuliers/payer-frais-obseques

https://www.dossierfamilial.com/famille/succession/organiser-ses-obseques-de-son-vivant-346921

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F35395

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